1914-1918. Forges, centre d'accueil très important |
La station thermale de Forges qui au début du siècle était plutôt somnolente, va connaître pendant la première guerre mondiale une activité et une clientèle tout à fait nouvelle. Ce sont tout d'abord les soldats britanniques qui vienne s'installer dans le Bois de l'Épinay... En 1914, la France est en guerre. Elle se trouve dans une situation difficile. L'arrivée des Tommies inspire donc de la quiétude et de la sympathie. La présence de ce millier de soldats de Sa Majesté va poser des problèmes mais la Municipalité mettra tout en œuvre pour les résoudre. De son côté la troupe apporte son concours: elle construit un puits, une route (aujourd'hui l'Avenue Mathilde), empierrée d'abord avec des résidus ferrugineux des anciennes fournaises, puis cimentée. Elle apporte des réjouissances, donne des concerts. Gageons que les cigarettes "blondes" connaissent un certain succès et que des idylles s'ébauchent rapidement. On rencontre dans Forges des uniformes variés, en particulier des Hindous portant turbans. En mai 1915 un hôpital britannique s'installe dans la Villa Louis XIII près du Casino et un foyer du soldat est organisé par l'Armée du Salut au N° 60 de la rue des Eaux Minérales (aujourd'hui Avenue des Sources). La motorisation de l'armée n'en est encore qu'à ses débuts. Aussi la présence de la troupe s'accompagne-t-elle d'un grand nombre de chevaux cantonnés à Forges et dans les environs (Serqueux, Beau Soleil, Roncherolles). Il y aura même un centre important de la "Croix Bleue" pour soigner, opérer et récupérer les chevaux blessés sur le front. Les sources thermales, les hôtels de Forges ont aussi retenu l'attention de l'Armée Française si bien qu'en 1915 s'installe également un hôpital militaire français, le H.C.A. n° 62, réparti dans plusieurs immeubles de la ville, le Casino, l'Hôtel du Parc, l'Hôtel Continental. Dès lors, Forges devient une ville sanitaire où se côtoient médecins, chirurgiens, infirmiers. Marie Curie serait venue visiter les malades. Un problème important est celui de la pollution des eaux. La cavalerie du Cirque Pinder a été mobilisée à Forges à l'usage des officiers. Les Frères Pinder prennent soin eux-mêmes de leurs chevaux. De temps en temps ils donnent des fêtes pour toute la population dans leur camp de la route de Rouvray. On y fait des jeux de plein air auxquels participent les Forgions. Pour distraire les blessés les Frères Pinder font des numéros de clowns auxquels ils convient également les enfants de la ville qu'ils invitent à chanter. Des centaines de malades et de blessés viendront du Front par des trains sanitaires et débarquront à Serqueux pour être hospitalisés à Forges. Hélas! tous n'y trouveront pas la guérison. Il n'y aura pas une semaine sans qu'on voit, remontant la rue des Eaux Minérales, une charette poussée par des soldats acheminant un cercueil vers le cimetière civil qui, bientôt, sera trop petit. C'est pourquoi il faudra l'agrandir et créer un cimetière militaire. C'est ce que décida la délibération du Conseil Municipal en date du 28 mai 1918 et l'arrêté préfectoral du 11 juin suivant. A la fin de la guerre, 210 soldats, morts à Forges, reposaient dans le sol forgion. C'est en 1928 grâce à l'action du Souvenir Français que fut aménagé le cimetière militaire tel qu'on peut le voir aujourd'hui, route de Neufchâtel, véritable roseraie en été, contiguë au cimetière civil et tel qu'aiment à s'y recueillir de nombreux visiteurs français et britanniques. La seconde guerre mondiale a ajouté d'autres tombes mais, d'autre part, un certain nombre de corps ont été réclamés par leurs familles si bien qu'il reste aujourd'hui dans cette nécropole, haut lieu de notre ville, 103 tombes de militaires français et 23 tombes britanniques. Qu'ils reposent à jamais en paix! Ils font partie du patrimoine forgion. |
Michel COFFIN – Promenade géographique historique touristique au cœur du Pays de Bray |
Imprimerie BRODARD et TAUPIN – Dépôt légal 3e Trimestre 1977 |